J’avançais guilleret, sans l’ombre d’un soupçon,
Sur mon bout de chemin menant au purgatoire.
Dans une douce vie, sans demander rançon.
Sans caillou sous mes pas, sur la voie sans histoire.
J’avais des jours tièdes, des soirées monotones.
Des rêves bien sages et des penchants très sûrs.
Mes printemps s’écoulaient tels de petits automnes,
Mes passions s’endormaient, en gardant la posture.
Coquelicot en feu, au milieu des blés mûrs,
Déploie sa corolle comme goutte de sang.
Il fait le contraste sur jaune chevelure
Et pose cocarde sur le revers du champ.
Tu as, en pénétrant dans mon jardin secret,
Tiré le voile blanc et brisé le miroir
Dans lequel je voyais mon reflet se faner.
Ma digue fut rompue abreuvant ma mémoire
Et voilà le retour de mes jeunes années,
Je jette mon bonnet par-dessus les moulins.
Mon cœur est troubadour, je suis prêt à aimer,
A brûler mes vaisseaux et à croire en demain.
Coquelicot en feu, au milieu des blés mûrs,
Déploie sa corolle comme goutte de sang.
Il fait le contraste sur jaune chevelure
Et pose cocarde sur le revers du champ.
Je reprends le chemin de ces temps pleins d’ivresse,
Si tu me tiens la main nous monterons là-haut
Sur les sommets anciens de ma folle jeunesse
Que j’avais oubliés et qui me font défaut.
Je redeviens Pierrot et perché à la lune,
Je cueille ses rayons que je mets en bouquet
Et dépose à tes pieds mon unique fortune,
Une rose des vents, que je t’offre en acquêt.
Coquelicot en feu, au milieu des blés mûrs,
Déploie sa corolle comme goutte de sang.
Il fait le contraste sur jaune chevelure
Et pose cocarde sur le revers du champ.
Je fais la promesse de tenter des prouesses,
Si Cupidon prend soin par un trait bien placé
De te toucher le cœur pour faire qu’il y naisse
La passion cruelle qui vient de m’enflammer.
Coquelicot en feu, au milieu des blés mûrs,
Déploie sa corolle comme goutte de sang.
Il fait le contraste sur jaune chevelure
Et pose cocarde sur le revers du champ.