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9 septembre 2014 2 09 /09 /septembre /2014 09:48

La chapelle, encadrée par un ciel d’azur immaculé, sentait ses vieilles pierres se réchauffer sous un soleil printanier qui diffusait également ses bienfaits aux futures moissons encadrant l’édifice. Ce dernier, de style roman, à la toiture verdie par une mousse centenaire, couronnait un mamelon sur lequel un sentier caillouteux serpentait pour atteindre son minuscule parvis. Suant, peinant, les dévots et les pèlerins gravissaient la pente en s’encourageant par des cantiques. C’était jour de procession. Sur le parvis un groupe précédemment arrivé regardait monter la chenille bruyante et multicolore qui suivait le porte-bannière. Après un dernier effort, les deux groupes finirent par se rejoindre et se fondre l’un dans l’autre pour échanger politesses et quelques bavardages. Le curé de la paroisse, vieillard affable, heureux de voir tant de monde sautait de l’un à l’autre pour déverser des torrents de remerciements et inviter les marcheurs à venir trouver un peu de repos dans la chapelle avant l’office qu’il allait célébrer. Les pèlerins, essoufflés par l’ascension, acceptaient avec plaisir de pénétrer dans le lieu saint afin d’y trouver une fraîcheur réparatrice et un banc pour s’y assoir. Doucement, le vase communicant entre parvis et chapelle s’activa.

C’est alors qu’ils se rencontrèrent. Lui, grand, brun, mince, la trentaine séduisante et elle, gracile, les pommettes roses et des doigts fins de pianiste. Leur croisement de regards provoqua chez chacun d’eux un cataclysme intérieur difficilement contrôlé. Personne ne remarqua quoi que ce soit. Elle sentit les battements de son cœur s’accélérer et presque instinctivement elle porta la main à son niveau comme pour tenter de l’apaiser. Au même instant, il ressentit des serres de rapaces se refermer sur le sien et abaissa lentement les paupières sous l’effet du choc. En les rouvrant, son regard replongea dans le torrent bleu qui baignait les yeux posés sur lui. Autour d’eux le monde était devenu cotonneux, le brouhaha qui, il y a deux secondes encore couvrait les chants d’oiseaux, n’était plus qu’un son étouffé. Une bulle imperceptible venait de les envelopper dans un silence reposant. D’un regard à l’autre, une balancelle invisible voguait pour transporter de troublants sentiments faisant frémir leurs épidermes. Ils ne firent aucun geste l’un envers l’autre, ils demeuraient statufiés par cette onde tout autant bienfaitrice que ravageuse. Elle nota le léger frémissement de ses ailes de nez, il remarqua la couleur pourpre qui prenait possession de ses joues rebondies. Elle vit ses lèvres tressaillir sans savoir si c’était sous l’effet d’une émotion ou pour lancer au ciel un vœu. Il découvrit le léger tremblement agitant ses doigts si fins qu’elle ne put contrôler qu’en joignant les mains. Les pèlerins, comme dans un décor féérique, semblaient se mouvoir au ralenti. Le vieux curé, coiffé de sa barrette, n’était plus qu’une tache noire dansant dans la lumière argentée irradiant un fond de scène. Le temps faisait la pause et chaque parcelle de seconde leur semblât s’étirer comme un long ruban de nuages d’automne figés dans le ciel. Le printemps jouait sur eux de tous ses artifices et les irradiait de sa grâce généreuse. Aucune parole ne fut échangée, seul le chant d’un rossignol leur fut perceptible et les notes clairs qu’il contenait étaient porteuses de toutes les épithètes qu’ils auraient pu s’échanger. Le parvis se vidait et ils ne furent plus que quelques-uns à rester sous les rayons tièdes d’un soleil toujours aussi généreux. Pour eux deux, la chaleur envahissait bien leurs êtres mais provenait en grande partie d’un feu intérieur qui les consumait en silence. Á peine trois secondes venaient de s’écouler du sablier depuis leur premier échange de regards.

Positionnant ses bras à l’horizontale, comme un Christ en Croix, le curé fit se rapprocher les derniers paroissiens de l’entrée de la chapelle et c’est quand le vieil homme les effleura qu’ils revinrent dans ce monde si douloureux. Le curé disparut ensuite dans la bouche béante et noire de la chapelle accompagné par quelques pèlerins. Á cet instant le ciel d’un bleu pur, comme pour faire savoir qu’il avait pris connaissance de cette rencontre inattendue, laissa apparaître subitement un éclair argenté accompagné d’un grondement grave et bref.

Alors, retrouvant le vieux réflexe de la société séculière qu’il avait quittée, le père Daniel, par courtoisie, invita sœur Anne-Marie à le précéder dans la chapelle.

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5 juin 2014 4 05 /06 /juin /2014 06:05

Voici une Nouvelle qui a été primée (1° prix) au concours de Chablis dans l'Yonne.

 

Tout avait commencé ce matin. Un matin qui m’avait semblé au départ bien ordinaire, un matin de printemps où j’allai dans le jardin respirer les senteurs montant des massifs tout en observant la valse des abeilles d’étamine en étamine. Le soleil baignait généreusement chaque plante de son arrosoir à rayons invisibles. La journée ne me semblait pas différente des autres jusqu’à l’instant où mon ouïe fut mise en alerte par un chant couvrant le bourdonnement des insectes. L’air mélodieux provenait de derrière la haute haie me séparant de la maison voisine inhabitée depuis plusieurs années. Ma curiosité fut immédiatement piquée et sans faire de bruit je m’approchai de la végétation tout en prenant soin de ne pas me faire remarquer en jetant un œil entre deux branches feuillues. Ma découverte me provoqua une véritable onde de choc, je sentis mes genoux tressaillir et un léger étourdissement m’envahir. Elle était là dans une robe colorée à manches courtes laissant évoluer deux bras d’un blanc d’ivoire au bout desquels des doigts papillons composaient gracieusement un bouquet de fleurs qu’elle prélevait dans un massif. Sa tête, surmontée d’un chapeau de paille à large bord, laissait retomber une pluie d’or se terminant par des volutes dansant au moindre mouvement. Son timbre n’était que douceur qui m’enveloppa dans un nuage cotonneux. Son visage, qui se présentait de profil, laissait voir un petit nez arrondi et deux magnifiques framboises d’où sortait le chant envoutant. Mais, c’est quand elle fit ce quart de tour et que je découvris les deux océans baignant ses yeux, que je ressentis cette cruelle, mais ô combien bienfaisante, douleur. Après quelques minutes d’observation qui avaient provoqué chez moi un véritable chamboulement, je décidai de rentrer pour ne point me faire surprendre dans cette position équivoque de voyeur. J’allai dans ma chambre et, assis sur le lit, je réfléchis au moyen le plus approprié pour faire connaissance avec cette nouvelle voisine si fascinante.

Je me dis qu’il ne s’agissait pas de rater son entrée pour passer pour un lourdaud ou bien un grossier personnage. Il fallait y mettre tact et distinction. Alors comment faire ? Aller sonner chez-elle ? Mais quelle raison invoquerais-je pour venir l’importuner ? Non, ce n’est pas la bonne solution. Attendre son apparition dans la rue et sortir de la maison au même instant ? Je risque d’attendre je ne sais combien de temps. Non, non, il faut quelque chose de plus sûr. Et si j’écartais les branches de la haie et que je lui dise simplement « bonjour », ce ne serait pas mal comme approche. Oui, mais le « bonjour » comment le dire ? Un simple « bonjour » tout ce qu’il y a de plus banal peut me faire passer pour un n’importe qui, alors qu’il s’agit justement de me mettre en valeur par une originalité qu’elle remarquera. Alors le « bonjour » appuyé, avec un prolongement dans le « our » pour apporter un peu de jovialité dans la voix. Non, elle va me prendre pour un comique et me rire au nez. Ou alors le style décontracté, un simple « jour’ », c’est sympathique et cela crée de suite une sorte de complicité. Non, si elle n’apprécie pas le côté familier elle va me poser ses deux océans dans le fond des yeux et je vais instantanément m’y noyer. Ou bien je peux tenter le « salut ». C’est gai, jovial, direct, mais quand même encore un peu familier. De toute manière je n’ai pas d’autre choix qu’un texte à deux syllabes, en dire davantage tout en posant mon regard dans le sien me semble impossible, je vais bafouiller et alors là ce serait une horrible catastrophe. Je ne peux pas non plus écarter la haie et me tenir immobile en attendant qu’elle finisse par me découvrir, c’est un coup à passer pour l’idiot du village !

Non, il me faut un simple mot de deux syllabes pour briser la glace et ensuite je prendrai de l’assurance, cela ira mieux. Mais quel mot ? « Hello » ? Non, trop prétentieux. Et si je disais tout simplement : « coucou » ? C’est bien « coucou ». Deux syllabes identiques, pas difficiles à prononcer et se prêtant parfaitement à ma manière d’apparaître en écartant la haie. De plus cela fait champêtre par le nom d’oiseau tout en se prêtant au simulacre de jeu. J’optai pour cette tactique qui me sembla raisonnable et tout à fait appropriée. Je bondis hors de ma chambre pour me rendre dans la salle de bain où j’empoignai le peigne que je passai sous le robinet d’eau froide. Je pris soin de me dessiner une raie impeccable et de rabattre sur le dessus du crâne cette mèche qui s’évertuait continuellement à me retomber sur l’œil droit en me donnant un air de rêveur. Après avoir examiné bien scrupuleusement le résultat dans le miroir et en être satisfait, je partis en direction du jardin.

A pas de loup je m’approchai de la haie pour vérifier si ma voisine était toujours présente au milieu de ses fleurs. Elle était là, bien que silencieuse et occupée à mettre en forme son bouquet sur une vieille table de jardin. L’absence de chant me privait de sa mélodieuse voix mais facilitait mon entreprise en m’évitant de devoir lancer mon mot de contact à pleine gorge, ce qui aurait certainement produit le plus mauvais effet. J’avançai de quelques pas pour me fondre dans le feuillage et j’empoignai doucement à pleines mains les ramures disposées devant moi. Je pris le temps de respirer à pleins poumons, bouche ouverte pour ramener mes battements de cœur à la normale. Puis, d’un coup, je fis se courber les branches pour bien apparaître tout en lançant un courageux « coucou » d’une voix maîtrisée. À l’annonce, la belle fit volte-face et me découvrit. Elle façonna un magnifique sourire sur sa figure angélique et je sentis son regard d’un bleu étourdissant se poser sur mon humble personne. J’entendis également une voix forte derrière-moi qui effondra mon édifice, qui fit porter à ma voisine sa main devant la bouche pour tenter de cacher le rire moqueur cristallin qui en sortait et fit disparaître son regard océan quand ses yeux se plissèrent sous l’effet du fou-rire. Je fus irrémédiablement perdu et plus rien ne pourra reconstituer ce que quelques mots venaient de détruire. La phrase qui fut prononcée derrière-moi ne cessait de résonner dans ma tête : « Mon petit bichon, va te laver les mains, nous passons à table ».

« Mon petit bichon ! » Ce surnom enfantin venait de me crucifier devant la voisine en laquelle j’avais fondé tant d’espoir. J’ai neuf ans et demi et ma mère a fichu ma vie en l’air !

 

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13 juin 2010 7 13 /06 /juin /2010 09:20

Petit jeu littéraire au concours 2010 de Chablis dans l’Yonne. Raconter un voyage en Antarctique en utilisant une liste de 20 mots imposés (ceux mentionnés en gras).

 

 

 

 

A cette époque, je venais de passer la soirée au bal public dans ce petit port d’Afrique du sud, c’était un bal à blanc car l’apartheid était toujours en vigueur. C’est pourquoi au matin je me présentai quelque peu fatigué au môle d’embarquement. Nous étions plusieurs individus à vouloir partir pour cet Antarctique mystérieux, cette extrémité terrestre à l’horizon s’étendant invariablement sur le septentrion.

Devant moi se tenait un vieux chinois posé sur une paire de tongs qui m’expliqua son intention de créer un atelier de vannerie sur la banquise. Je trouvais son idée audacieuse. « Il faut osier le faire » lui dis-je avec un clin d’œil, mais l’asiatique fit demi-tour avec un air pincé. Pour un vannier il ne possédait pas un brin d’humour. Notre navire attendait à quai, c’était un ancien transport de layette d’une maison de confection de Shanghai reconverti en navire de croisière puis cédé à la compagnie des Indes, mais dont le propriétaire, un bougnat originaire de Saint Nectaire, en avait conservé l’usufruit comme part de fromage. Le capitaine se présenta à la passerelle et autorisa l’embarquement en sonnant dans un olifant en cuivre qui, m’a-t-on dit, avait appartenu à Aïda qui opéra en Égypte avant d’être vendu à un commerçant ambulant de Jéricho qui finit par le céder à l’armateur du navire. J’attendis mon tour pour monter sur le pont et présenter au commissaire de bord mon passeport qu’il contrôla dans les moindres détails. Je ne fus nullement inquiet ; l’autorisation d’immigration apposée par l’officier d’état civil de la Mairie de Chablis valait n’importe quel sésame. Le timbre humide rouge représentant dans un cercle deux bouteilles croisées surmontées par un verre à pied impressionna le vérificateur qui me rendit mon document officiel en exécutant une courbette dans laquelle la marque d’un infini respect était tangible. L’ancre fut levée en laissant apparaître sur l’une de ses pointes un calendrier des Postes de l’année de ma rencontre avec Léontine. Tenaces, les souvenirs de ces moments revinrent danser devant mes yeux. Mais c’était le passé, Léontine avait préféré l’ombre de son magasin de porcelaine tupperware plutôt que la blancheur des glaciers lointains. Le navire croisa les balises de la sortie du port et s’enfonça dans le brouillard des mers du sud en lançant des appels à l’accent Wagnérien par sa corne de brume. Le Rhin était pourtant loin, néanmoins nous connûmes au cours de ce voyage à travers l’invisible route maritime une ambiance de vaisseau fantôme. Une certaine appréhension fut perceptible dans l’équipage comme parmi les passagers. Un curé chargé par son évêque d’établir la première cathédrale de glace lut à haute voix une bible en version latine pour apporter un réconfort moral aux croyants. Pour m’occuper je m’amusai à relever chaque mot parisyllabique qui sortait de sa lecture. Quand ma collecte fut suffisamment abondante, j’écrivis une recette en latin de cuisine que le cuistot du bord appliqua scrupuleusement pour le plus grand bonheur de tous ; ce qui nous changea du fricandeau à l’oseille qu’il s’évertuait à nous servir à chaque repas depuis le début de la traversée. La navigation dura plusieurs jours avant que du poste de vigie un marin crie « Glace ! Glace droit devant ! ». Il voulait laisser entendre par là qu’il apercevait enfin l’Antarctique recouvert de son manteau d’hiver comme les yeux de Léontine se paraient de son fard à paupières. Ce fut le branle-bas sur le pont, le chinois empila ses articles de vannerie, le curé rangea son bréviaire et chacun se mit à contempler l’immensité blanche tachetée de noir par la présence de quelques manchots curieux qui se dandinaient pour exprimer leur étonnement de nous voir venir à eux sur un moyen de transport qu’ils jugeaient singulier. L’un d’eux s’approcha sans peur et me fit immédiatement penser à un Glyphe dans un jeu de rôle qu’habituellement je pratiquais avec Léontine. Durant un bref instant, la silhouette de l’oiseau s’anima dans un flou produit par mon imagination et le contour de Léontine remplaça avantageusement celui de l’animal. Le mirage fut si puissant qu’il me rendit possible de sentir le parfum de cannelle qu’elle répandait à certains endroits de son corps. L’illusion finit par disparaître et le débarquement se prépara dans une fébrilité digne d’une rentrée des classes. Bientôt, la passerelle fut déployée pour déposer son extrémité sur le sol gelé. A l’issue de ces jours de mer, nous fûmes heureux de pouvoir déambuler sur un sol ferme. Après quelques pas sur la croute glacée, je découvris l’immense plaisir de ne plus ressentir ni tangage ni roulis sous mes escarpins dont le revêtement en peau de grenouille du Zambèze avait reçu un traitement xérophile pour mon dernier déplacement dans le Hoggar, lorsque je fus chargé par Léontine de livrer à un chef touareg francophile les œuvres complètes de Victor Hugo. Sur le sable rare de la plage, des lions de mer prenaient le soleil en écoutant les messages en morse que lançaient des otaries en entrechoquant leurs dents. Le vieux chinois posa deux tréteaux coiffés d’une planche sur laquelle il disposa ses articles à vendre. Le curé, une scie à glace en main, commença le découpage de blocs de glace destinés à l’édification d’un monument saint. De mon côté, je concentrai mon attention et mes faits et gestes sur la mission qui m’avait été confiée par le ministère du repeuplement des végétaux, des espaces verts et du développement de la chlorophylle. Je m’appliquai pour planter un syringa microphilla accompagné d’un zinnia. Je pris soin de tasser délicatement la neige au pied de chaque arbuste et d’écarter un psoque qui avait installé son nid au croisement de deux branches. Ma mission terminée, je réembarquai à bord après avoir salué mes compagnons de voyage qui s’étaient installés définitivement sur ce sixième continent. Le voyage retour se fit avec une certaine gaité pour moi, chaque tour de l’hélice me rapprochait un peu plus de Léontine.

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23 août 2007 4 23 /08 /août /2007 23:10

Le haut-parleur de la gare annonça l’arrivée, dans dix minutes, du train Paris, Bordeaux. Odette tenait son billet en main et restait à quelques pas du composteur. Elle se demanda si elle n’avait pas fait une bêtise en venant jusqu’ici prendre un billet pour Poitiers. Pour l’instant rien n’est encore définitif se dit-elle, je ne l’ai pas encore poinçonné. Elle marcha un peu de long en large, partagée par l’envie de prendre ce train et la peur de se retrouver face à un inconnu. De toute manière si je ne pars pas il ne m’en tiendra pas rigueur, c’est bien ce qu’il m’a dit pensa-t-elle pour se rassurer. Mais il risque de croire que je me moque de lui si jamais il ne me voit pas.

Le haut-parleur annonça l’entrée en gare du train et Odette pouvait voir au bout des rails se profiler la silhouette du long serpent de métal. Le bruit des freins du train lui crispa le cœur. Voilà, les voitures étaient alignées devant-elle, elle pouvait choisir laquelle prendre. Le composteur était à sa droite, quelques gestes et elle pouvait s’embarquer. Alors qu ‘elle tendait son billet en direction de la gueule de l’appareil, elle se ravisa au dernier moment et fit demi-tour. Elle n’alla pas bien loin en direction de la sortie. Maryse, accompagnée par un homme à la figure joviale, lui barrait le passage. Après avoir dit quelques mots à son accompagnateur, Maryse s’approcha d’elle pour lui demander :

-            Où comptes-tu aller comme ça ?

-            Je rentre chez moi, j’irai une prochaine fois, tenta de se justifier Odette.

-            Oh que non ! Tu vas prendre ce train et aller voir à quoi il ressemble ! dit Maryse d’un ton impératif.

-            Non je t’assure je n’y arriverai pas, j’ai les jambes coupées et je risque trop en allant là-bas !

-            Ecoute, nous sommes samedi, il fait jour et beau, il y a du monde partout, tu ne risques rien en allant là-bas. Il te plaira ou il ne te plaira pas, mais tu jugeras sur place ! De toute manière je sais que tu as ton portable sur toi et pour te rassurer je brancherai le mien. Tu pourras m’appeler quand tu veux. D’un coup de voiture on peut venir te chercher avec Georges (elle désigna du doigt l’homme qui l’accompagnait). Ce soir on viendra te chercher à la gare, tu me diras à quelle heure tu rentres. Maintenant embarque et donne ton billet je vais te le composter !

Suivies de Georges les deux femmes coururent en direction de la dernière voiture et pendant qu’Odette gravissait les marches d’accès au train, Maryse composta le billet et le lui tendit ensuite par la fenêtre du couloir. Le sifflet du chef de gare résonna sur le quai et le train s’ébranla doucement.

-            Je te téléphone c’est promis, cria Odette.

-            Passe une bonne journée, lui répondit Maryse que Georges venait de prendre par le cou tout en agitant son autre main pour saluer Odette.

Le train disparut au bout des rails, comme il était venu.

-            Elle a l’air sympathique ta copine, dit Georges en serrant Maryse contre lui.

-            Oui c’est vraiment une fille gentille. Un peu vieux jeu mais gentille tu ne peux pas savoir, assura Maryse.

-            Alors je lui souhaite de tomber sur un brave type. Comme tu as fait toi, annonça doctement Georges.

-            Dis donc toi au lieu d’essayer de te faire gonfler les chevilles parle-moi plutôt de ta promesse de visite de ta salle d’embaumement, répliqua Maryse en lui lançant un clin d’œil.

Le chandelier trônait au milieu de la table. La lueur des bougies donnait un petit air de fête et Maryse terminait de dresser les trois couverts pendant que Georges dans la cuisine recherchait désespérément un tire-bouchon. La sonnerie du téléphone fit sortir Maryse de sa rêverie. Elle prit le combiné, enfonça la touche de réception et commença un monologue que Georges avait du mal à suivre.

-            Allô ! Oui c’est toi. Alors ?

Et elle ne cessa de faire des hum, hum qui intriguèrent Georges.

-            Bon d’accord. Je ne te retarde pas plus longtemps. Je t’embrasse.

Elle raccrocha l’appareil, s’approcha de la table et débarrassa un couvert. Puis voyant Georges qui attendait dans l’encadrement de la porte de la salle à manger, elle lui lança d’une voix enjouée :

-            Nous allons dîner en amoureux, Odette ne rentre que demain.

FIN

Nouvelle tirée du recueil " Encore des histoires " en vente sur mon blog.
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22 août 2007 3 22 /08 /août /2007 06:40

Le contact durait depuis plus d’une heure trente entre eux et Odette avait eut plus d’une fois l’occasion d’apprécier l’humour de Jean-Luc. Elle se sentait bien avec lui. Proche virtuellement mais également rassurée par cet éloignement géographique. Les sujets abordés lui plaisaient toujours autant et elle se rendait compte que Jean-Luc possédait une réelle connaissance artistique. Comme il en était à aborder le thème de la peinture, elle reçut le message suivant :

-            Je voulais vous dire que ce week-end il y a une grande exposition des arts à Poitiers, seriez-vous intéressée par une visite de ces oeuvres ?

A la lecture du message, Odette resta interdite. Elle ne savait quoi répondre. Puis dans la confusion elle écrivit :

-            Pour l’instant je n’ai pas de véhicule, j’en suis désolée.

-            Je sais qu’il y a un train qui quitte Tours à huit heures trente-cinq chaque samedi et qui arrive à Poitiers moins d’une heure après.

Prenant connaissance de ces informations, elle ne sut que répondre. De nouvelles lignes firent leur apparition sur l’écran.

-            Je ne veux nullement vous obliger à quoi que ce soit. Vous êtes entièrement libre, sachez simplement que j’attendrai demain à l’arrivée du train. J’aurai un pardessus vert foncé et je me tiendrai au bout du quai. Si vous ne venez pas je ne vous en tiendrai nullement rigueur.

Elle prit le temps de bien lire le texte et après une courte réflexion elle marqua :

-            Je vous remercie pour votre invitation mais je ne sais si je pourrai m’y rendre. Je dois y réfléchir.

Après les saluts d’usage, ils coupèrent la liaison, l’heure étant tardive.

Odette empoigna son téléphone et composa un numéro. Au bout de quatre sonneries elle finit par entendre une voix demander :

-            Allô qui c’est ?

-            C’est moi Maryse, excuse-moi de te déranger mais j’ai besoin de te parler.

-            Que t’arrive-t-il ma chérie ? lui demanda Maryse d’une voix inquiète.

Odette confia alors à son amie les raisons de son appel sans rien lui cacher de la proposition de rendez-vous qu’elle avait reçue.

-            Eh bien tu sautes dans le train et tu seras fixée ! lui conseilla-t-elle.

-            Je me demande si ce n’est pas un peu tôt ?

-            Tu rigoles, il est une heure du matin ! répondit perfide Maryse.

Entendant du bruit dans le combiné, Odette gênée demanda :

-            Je te dérange ?

-            Mais non, tu ne me déranges pas. Puis baissant la voix, c’est mon croque-mort qui vient de se lever et de se cogner un arpion sur la porte.

-            Il est là ? Je vais te laisser, dit-elle gênée.

-            Avant de raccrocher, pense à ce que je viens de te dire. Il est à qu’elle heure ton train ?

-            Vers huit heures et demie, dit-elle tout bas dans le combiné de peur de déranger davantage.

-            N’oublie pas de mettre ton réveil. Je te laisse, je l’entends revenir et comme croque-mort c’est plutôt un bon vivant alors je vais encore en profiter, salut.

Odette raccrocha son téléphone. Elle était perplexe en se rendant dans sa chambre. Elle se dit qu’après tout la nuit porte conseil et elle régla son réveil sur six heures et demie avant de se mettre au lit.

(à suivre)
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18 août 2007 6 18 /08 /août /2007 08:38

Le chat vint aussitôt placer sa tête au niveau de la soucoupe et lécha le lait. Jean-Luc le regarda faire un instant puis alla replacer le bidon de lait au réfrigérateur. Il repensait à la conversation du matin avec Louise. Oui il faut y aller calmement, ne rien brusquer, surtout ne pas l’effaroucher sinon c’était terminé. Il se gronda mentalement.

-            Oui tu veux aller trop vite, tu t’emballes, tu t’emballes et ensuite c’est la déception. Cette fois tu dois te tenir ! Ne vas pas jouer à l’éléphant dans le magasin de porcelaine.

Il dîna tranquillement en laissant le chat venir se poser sur ses genoux. Sous ses caresses l’animal ferma les yeux de plaisir et ronronna. La musique occupait doucement la pièce, Jean-Luc se sentait bien, il savait que dans quelques instants il serait de nouveau connecté avec Odette. Il se força à garder son calme et à attendre patiemment l’heure du rendez-vous. Il débarrassa sa table et s’occupa de charger le lave-vaisselle. C’était maintenant l’heure.

Quelques manipulations plus tard, il était sur le forum. Voyant apparaître le pseudonyme d’Odette il lui adressa le message de bienvenue.

-            Bonjour Odette, c’est Jean-Luc. Comment allez-vous ?

Et ils commencèrent une conversation sur leurs occupations journalières respectives. Ayant échangé leurs emplois du temps, Jean-Luc vit soudain le message suivant apparaître à l’écran :

-            Jean-Luc puis-je vous poser une question indiscrète ?

Un peu étonné, il finit par marquer :

-            Oui bien sûr.

Il attendit la question avec une pointe d’appréhension.

-            J’aimerais savoir si vous êtes marié ?

Il relut plusieurs fois la question avant de répondre.

-            Non j’ai divorcé voilà cinq ans. Et vous ?

La réponse tardait. Il s’en voulut d’avoir rajouté cette question. Quel imbécile, j’aurais du attendre ! Mais une réponse lui parvint :

-            Je suis célibataire.

A partir de cet instant les échanges tournèrent autour de leurs souhaits respectifs, chacun faisant part à l’autre de ce qu’il attendait réellement dans la recherche d’un contact. Il sut qu’Odette ne voulait nullement d’aventures, mais simplement un contact sincère et franc et qu’elle souhaitait ne rien brusquer. Il convint avec elle que rien ne pressait et qu’il saurait se montrer patient afin de mieux se connaître. Ils terminèrent la conversation en se donnant rendez-vous au lendemain.

Maryse ne perdait pas une miette des propos d’Odette, elle suivait ses paroles avec beaucoup d’attention en gardant ses yeux écarquillés derrière ses verres de myope, ce qui lui donnait un regard de grenouille.

-            Alors tu penses que c’est le bon ? demanda-t-elle d’un coup.

-            Je ne sais pas, je ne connais de lui que son écriture, comment veux-tu que je le sache ?

-            Mais tu sens tout de même une attirance pour lui ? Non ?

-            Oui ses propos me plaisent et il me semble quelqu’un de bien. Mais je voudrais attendre afin de mieux le connaître. comprends-tu ?

-            Taratata ! Tu ne vas pas me tourner autour du pot pendant encore quinze jours ? Autant que tu sois fixée une bonne fois pour toutes ! Tu devrais lui donner rendez-vous ! lança Maryse en pointant son doigt en direction d’Odette.

-            Mais tu es folle ! Jamais je ne demanderais quoi que ce soit. Pour qui va-t-il me prendre ?

-            Ah ! Aujourd’hui les conventions c’est terminé, moi j’ai donné rendez-vous à mon croque-mort et il est d’accord, argumenta Maryse.

-            Mais je n’arriverai jamais à faire comme toi Maryse, tu as un culot monstre et parfois tu m’effraies dans tes décisions.

-            Mais non, il ne faut pas. Je suis prudente et je lui donne rendez-vous la journée et dans un lieu public. Si jamais il a la gueule de travers ou un physique de beauf, eh bien je le plante là et je me tire, expliqua-t-elle.

-            Maryse, Maryse ! Jamais je ne pourrais faire une chose pareille, s’exclama Odette.

Les deux femmes se regardèrent en silence, puis Odette le rompit en lançant d’un coup :

-            C’est vendredi, j’ai pas mal de clientes qui vont venir, je dois y aller. Bises.

Elle laissa Maryse et courut ouvrir la boutique. Toujours attablée à côté de la vitre qui la séparait du trottoir, Maryse vit un clochard poussant un chariot de supermarché contenant tout un fatras s’arrêter à sa hauteur et la fixer droit dans les yeux avec un regard concupiscent. Elle dit alors à mi-voix :

-            Eh bien ! Quelle gourde je suis ! Je passe mes soirées à chercher un mec sur Internet alors que voilà l’amour qui passe sur le trottoir. Et en plus il a un véhicule.

(à suivre)
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15 août 2007 3 15 /08 /août /2007 07:11

Maryse arriva au café avec dix minutes de retard par rapport à son horaire habituel. Essoufflée elle lança un baiser en direction d’Odette avant de s’asseoir en face d’elle.

-            Impossible de me lever ce matin. Le réveil sonnait, sonnait, et je ne l’entendais pas, dit-elle d’un trait tout en faisant signe au garçon de lui apporter son thé.

-            Je vois ça, tu as les cheveux un peu en bataille. Tu t’es donc couchée si tard ? interrogea Odette.

-            Oui j’ai encore discuté avec Georges sur le forum.

Voyant que son amie faisait un véritable effort pour se remémorer qui pouvait bien être ce Georges, elle préféra lui rafraîchir la mémoire.

-            Mais si Georges, tu te souviens, je t’en avais parlé, c’est un mec qui tient un établissement de pompes funèbres. Qu’est-ce qu’il peut me faire rire. Et tu ne sais pas mais il m’a proposé de me faire visiter son atelier d’embaumement. Vrai, je te jure !

-            Maryse, tu m’étonneras toujours. Il n’y a pas autre chose qui te ferait plaisir à visiter ? demanda Odette avec une petite moue.

-            T’es dingue ! Tu te rends compte de ce que tu dis ? Aller voir un musée ou bien aller au cinéma, c’est pour n’importe qui. Mais visiter une salle d’embaumement, ça c’est original. D’ailleurs il n’y aurait que toi pour refuser, lança Maryse en levant les yeux au ciel tout en secouant la tête.

-            Après tout pourquoi pas. Mais tu n’as pas peur qu’il te fasse une démonstration ? Tu viendrais ici le lendemain habillée en momie ! s’esclaffa Odette.

Maryse ne put s’empêcher de rire avec elle. Puis retrouvant son sérieux dans un air inquisiteur, elle demanda :

-            Et toi ton Apollon de la culture ? Tu en es où ?

-            Je dois dire que l’on discute bien. Il m’a l’air d’un homme intéressant. Nous abordons de nombreux sujets et je prends vraiment plaisir à parler avec lui.

-            Bon ! C’est bien tout ça, mais vous n’allez pas faire le tour des musées et discuter sur tous les opéras de Verdi jusqu’à la nuit des temps. Il est marié ?

La question fit tressaillir Odette. Elle n’avait pas songé à le lui demander. Elle se sentait un peu cruche en cet instant.

-            Je ne sais pas, je ne lui ai rien demandé, avoua-t-elle.

-            Mais qu’est-ce que je t’avais dit ? Il faut tout savoir sinon le mec il t’embobine et il faut croiser les questions pour voir s’il ne te raconte pas des salades. Ce soir tu vas me faire le plaisir de le cuisiner. Etat civil, profession, revenus, femme et maîtresses, tu dois tout savoir. Et si en plus tu arrives à connaître ses goûts sexuels alors là c’est le top !

-            Tu exagères toujours ma pauvre Maryse, comment veux-tu que j’arrive à connaître ces choses-là ?

-            Si le mec il est accroché, il va tout te livrer et sans reçu encore, juste sur ta bonne mine !

-            Ma bonne mine. Tu me fais bien rire, il ne m’a jamais vue, lui rétorqua Odette pour lui river son clou.

-            Eh bien prends rendez-vous et tu verras sa bobine et lui la tienne ! lui répondit-elle du tac au tac.

Voilà bien ce qui effrayait Odette. Un rendez-vous avec un inconnu. Sur qui tomberait-elle ? Jusqu’à présent sa vie amoureuse, bien que réduite, n’avait été qu’une suite d’échecs et sans Maryse, qui l’avait quelque peu obligée à acheter un ordinateur pour aller sur des forums de discussion, elle s’était préparée à finir sa vie dans le célibat. Pourtant elle n’était pas dénuée de charme et sa douceur ne pouvait que plaire aux hommes. Sa crainte de l’inconnu et sa grande timidité ne l’aidaient pas dans son épanouissement affectif. Elle sentait bien au fond d’elle-même qu’il lui fallait maintenant trouver le courage pour sauter le pas si jamais elle ne voulait pas voir s’envoler l’inconnu du forum.

En silence elle se leva, alla embrasser Maryse et quitta le bistro pour aller ouvrir son commerce.

(à suivre)
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13 août 2007 1 13 /08 /août /2007 08:33

Jean-Luc posa son gobelet de café sur le bureau de madame Pignon, se dirigea vers l’armoire contenant les classeurs de factures et resta un moment prostré devant ceux-ci sans arriver à se souvenir ce qu’il était venu chercher. Se grattant la chevelure sur l’arrière du crâne, il finit par retourner s’asseoir à son bureau. Madame Pignon, qui travaillait avec lui depuis maintenant douze ans, suivait amusée son petit manège. Elle était à six mois de la retraite et savait d’avance qu’elle regretterait la compagnie de Jean-Luc. Grand-mère comblée par sept petits-enfants, elle considérait un peu Jean-Luc comme un de ses enfants. A ce titre, elle avait à l’encontre de son collaborateur des attentions parfois maternelles et ce matin elle avait tout de suite constaté que quelque chose ne tournait pas rond chez lui. Il était d’une incroyable distraction. Tournant la tête dans sa direction, elle lui demanda à dessein :

-            Vous ne prenez pas votre café ce matin Jean-Luc ?

Levant les yeux du dossier qu’il consultait Jean-Luc allait répondre oui tout en voulant empoigner son gobelet mais il ne le trouva pas à l’endroit habituel et le chercha du regard sur son bureau.

-            Il est là votre café, lui dit-elle en lui montrant le gobelet de la pointe de son stylo.

-            Merci Louise, je n’y pensais plus à mon café.

Il fit le tour de son bureau, récupéra son gobelet et se rassit tout en touillant le breuvage d’un air pensif.

-            Vous n’avez pas l’air d’être dans votre assiette. Quelque chose qui ne va pas ?

-            Si, si, Louise tout va bien.

-            Taratata ! Je vois bien que vous avez quelque chose qui vous préoccupe. Mais je ne veux pas être indiscrète, déclara madame Pignon d’un air faussement désinvolte.

Jean-Luc ne semblait même pas entendre ce que Louise lui disait et il demanda de but en blanc :

-            Une échoppe de couture, cela existe Louise ?

Un peu étonnée par la question, elle lui répondit :

-            Oui, il y a heureusement des femmes qui tiennent ce genre de commerce. Il faut dire qu’avec toutes ces jeunes filles qui aujourd’hui ne savent ni coudre ni faire la cuisine, c’est bien pratique. Mais pourquoi cette question ? Vous avez des ourlets à faire ?

-            Non Louise, j’ai discuté hier soir sur le net avec une couturière et je me demandais si ce genre de commerce existait bien.

Nous y voilà pensa madame Pignon, c’est une femme qui trouble ainsi mon petit Jean-Luc, il est bien temps.

-            Et alors ? demanda t-elle d’un air faussement innocent.

-            Et alors, et alors je ne sais pas quoi penser ! s’emporta le comptable.

-            Quoi penser de quoi exactement ? rajouta Louise avec un petit sourire.

-            Oh ! Autant tout vous dire. J’ai fait la connaissance sur le net d’une femme qui est couturière et je me demandais si elle ne me racontait pas des histoires.

-            Vous avez de drôles de moyens pour aborder les femmes. Sur le net ! En voilà des idées. Vous ne pouvez pas les rencontrer dans des soirées ?

-            Louise, vous savez très bien que je sors rarement depuis mon divorce et jusqu’à ce jour mes rencontres ne furent que des calamités ! Alors que là, j’ai rencontré quelqu’un qui partage mes goûts, mais je ne l’ai jamais vue.

-            Vous pensez vraiment que c’est un bon moyen pour aborder une femme ? Si vous ne la voyez pas, comment voulez-vous savoir si elle est à votre goût ?

-            J’ai essayé l’autre méthode en me basant en premier sur le physique et je n’ai pas obtenu de bons résultats. Alors là je change mon fusil d’épaule et je cherche en premier une approche disons … culturelle. Mais ce n’est pas facile, sur le net on peut raconter ce que l’on veut.

-            Oui pourquoi ne pas inverser la manière d’aborder une femme. Après tout, dans un sens ou dans l’autre il faudra bien que tout colle, approuva Louise en prenant un air réfléchi. Mais, rajouta-t-elle aussitôt, vous devez bien vous rendre compte en conversant avec elle si vous partagez les mêmes intérêts ? Vous qui aimez la littérature, la musique et les arts vous devez bien vous apercevoir si elle en connaît un rayon dans ces domaines ?

-            Justement, elle connaît bien ces domaines. Mais ensuite, je ne sais comment l’approcher un peu plus sans lui faire peur. Voyez-vous on connaît les gens sans les connaître vraiment sur un forum et je me demande si elle n’est pas un peu méfiante à mon égard.

-            Ne brusquez rien, les femmes aiment que les hommes prennent un peu leur temps, c’est vrai vous êtes toujours pressés ! Mon mari c’était la même chose, mais je l’ai fait lanterner un petit peu. Oh ! Pas de trop, précisa-t-elle avec un sourire complice.

Jean-Luc répondit par un petit sourire entendu. Louise lui faisait ainsi quelques confidences pour dédramatiser la conversation. Elle avait toujours les propos justes.

-            Oui je dois sans doute vouloir aller un peu vite. Je m’emballe, je m’emballe alors que si cela se trouve je ne lui plairai pas du tout ou alors c’est elle qui ne va pas me plaire. Bah ! Je verrai bien, laissons faire le temps.

-            Oui c’est le mieux à faire, conclut Louise.

Ils reprirent leurs activités en se plongeant chacun dans une mer de paperasses.

(à suivre)
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10 août 2007 5 10 /08 /août /2007 18:32

Odette accrocha son manteau sur la patère du vestibule. Sa journée avait été bien occupée avec de nombreux chalands. Mais maintenant qu ‘elle retrouvait le calme de son intérieur sa pensée revint à son correspondant d’hier. Quelle gourde je suis ! J’aurais pu lui répondre autrement. Elle jeta un coup d’œil à sa pendule suspendue au-dessus de son réfrigérateur. Dix-neuf heures quinze, elle allait avoir le temps de dîner avant d’aller se connecter. Durant tout le repas elle ne quitta pas des yeux les aiguilles de la pendule qui se traînaient misérablement. Rangeant précipitamment la table à peine la dernière bouchée avalée, elle alla mettre en route son ordinateur. Il était dix-neuf heures cinquante-deux. Elle fit défiler la liste des pseudonymes du salon, il n’y avait pas de… de comment déjà ? Mince je n’ai pas noté son pseudo ! C’était un nom de poisson je crois. Non ! Un animal marin. Et Odette fouilla longuement ses souvenirs de la veille. Enfin la lumière s’alluma d’un coup. Le narval, c’est le narval ! Oui je me revois encore imaginer la longue corne frontale de l’animal. Enfin sa dent plutôt.

Aussitôt elle scruta de nouveau la liste. Rien, il n’était pas là. Elle jeta un nouveau coup d’œil à sa montre, vingt heures dix. Toujours rien. Elle s’en voulut de sa réaction de la veille. Elle quitta sa chaise et alla finir le rangement dans sa cuisine. Lorsqu’elle revint devant son écran, après dix minutes d’absence, son cœur fit un bond dans sa poitrine. Une fenêtre de conversation était ouverte et contenait déjà plusieurs lignes. Elle lut rapidement les messages suivants :

-            Bonsoir c’est Jean-Luc. Pouvons-nous poursuivre la conversation d’hier ?

-            Vous devez être occupée. Mais si jamais vous tenez à me reparler je vous attends.

Aussitôt, sautant sur le clavier, elle envoya une réponse :

-            Bonsoir, désolée j’étais occupée. Comment allez-vous ?

En enfonçant la touche d’envoi, elle ne put s’empêcher d’avoir une petite appréhension qui disparut dès l’apparition de la réponse.

-            Je vais bien merci et je suis enchanté de vous retrouver.

Elle lut et relut tranquillement la phrase avec un grand sourire avant de répondre :

-            Moi aussi je suis enchantée de vous retrouver. Ecrivit-elle en riant de son audace.

Et ils s’engagèrent comme la veille dans une conversation passionnée sur leurs centres d’intérêts communs. Puis les sujets commençant à s’épuiser, ils en vinrent à parler d’eux-mêmes. Odette eut quelques réticences à dire qu’elle habitait Tours, elle déclara qu’elle résidait dans un village des environs mais sans toutefois en indiquer clairement le nom. Elle apprit que Jean-Luc était de Poitiers et sut quel était son métier. Mais dans son for intérieur, même si elle souhaitait croire les renseignements que lui donnait son interlocuteur, elle ne pouvait s’empêcher de douter. Elle faisait montre d’une grande prudence. Cependant elle continua la conversation qui ne lui déplaisait pas. Lorsqu’elle prit congé, elle accepta de lui reparler le lendemain.


(à suivre)

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6 août 2007 1 06 /08 /août /2007 08:22

Mince ! La couturière est donc libre. Il proposa un sujet sur la littérature. Des réponses limpides lui arrivèrent et l’échange fut agréable. Il glissa quelques plaisanteries dans la discussion pour renforcer la convivialité. Elle a l’air d’apprécier ma compagnie pensa-t-il. Il passa ensuite sur le thème de la musique et là encore il obtint des avis abondants et précis. L’échange dura jusque tard dans la soirée. Ce n’est qu’à la vue du message suivant qu’il prit conscience de l’heure :

-            Excusez-moi mais il commence à se faire tard.

Bigre ! Minuit quinze. Rapidement il tapa sa réponse.

-            Oui en effet il est très tard désolé. Pourrions-nous nous reparler demain ?

La réponse lui semblait tarder, les secondes s’étiraient interminablement.

-            Oui si j’ai l’occasion de revenir. Mais je ne sais pas si je pourrai me libérer. Bonne nuit et merci pour cette bonne soirée.

-            J’ai passé également une bonne soirée. Bonne nuit à vous aussi, répondit-il un peu ému.

Une fois la communication interrompue, Jean-Luc coupa son ordinateur avec pour la première fois depuis longtemps un certain regret. Elle n’avait pas l’air mal la petite couturière. Mais quel con ! Je ne lui ai même pas demandé son âge. Ni d’où elle était. Demain, oui demain je lui demanderai. Avec mon bol elle va s’évaporer dans la nature et il ne me restera que les « 104b_cherche matous ». Bon je vais aller me coucher sinon demain soir je ne tiendrai pas le coup.

Jean-Luc regagna sa chambre et eut quelques difficultés à s’endormir.


Maryse suivait à la dérobée le regard d’Odette qui semblait absent depuis qu’elles étaient installées devant leurs boissons chaudes. Elle voyait bien que son amie lui répondait en ayant la tête ailleurs. N’y tenant plus, elle lui demanda :

-            Alors hier soir tu es allée faire un tour sur le forum ?

-            Quoi ? Excuse-moi j’étais ailleurs, lui répondit Odette sortant d’un coup de sa rêverie.

-            C’est bien ce que je vois. Alors raconte, il est comment ?

-            Mais qui ?

-            Ne fais pas l’innocente, je te parle du mec que tu as rencontré hier soir. Il est comment ? insista Maryse.

-            Eh bien, bredouilla Odette, j’ai juste discuté avec lui, rien de plus.

-            Rien de plus ? Mais tu as vu ta tête ce matin ? Tu es toute rêveuse ! Raconte-moi, vous avez parlé sexe ? demanda Maryse avec un air gourmand.

-            Je t’en prie ! On peut parler avec quelqu’un sans systématiquement aborder ce sujet. Tu es incorrigible ! lui lança Odette en tentant de prendre un air courroucé.

-            Bon alors vous avez parlé de quoi ?

-            De littérature, de musique et d’autres choses agréables, répondit Odette les yeux dans le vague.

-            Alors c’est le bon. Il a quel âge et où il crèche ton apollon de la culture ?

-            Je ne sais pas, je n’ai pas demandé.

-            Quoi ? Pas demandé ? Mais il faut le cuisiner ton mec, il faut tout lui faire avouer sinon il va te mener en bateau ! Tu ne dois rien ignorer de lui, même pas ses pratiques sexuelles ! clama Maryse en faisant se retourner quelques clients appuyés au bar.

-            Mais ne parle pas si fort. Nous n’avons parlé que quelques instants sans plus, je ne sais même pas si je vais le revoir.

-            Quoi ? Il ne t’a pas donné rendez-vous pour ce soir ? Qu’est-ce que c’est que ce mec ? Ma parole tu as discuté hier soir avec l’horloge parlante de Singapour ou quoi ? cracha Maryse en tentant de retenir sa voix.

-            Non c’est moi qui lui ai dit que je ne savais pas si je reviendrai sur le forum, répondit Odette d’une voix un peu confuse.

Maryse se plaqua violemment la paume de la main sur le front, ce qui fit tressauter ses lunettes qui restèrent accrochées en travers de sa figure. Odette éclata de rire à la vue de son amie.

-            Tu peux rigoler, répliqua-t-elle en rajustant ses lunettes, tu as un mec et tu n’es même pas capable de le ferrer. En voilà de la belle ouvrage ! Ah ! Tu vas devenir la reine du forum je t’assure. Ton mec il va se tirer.

En vérité, Odette s’en voulait de n’avoir pas répondu favorablement à la demande de rendez-vous. Soufflant profondément, elle se leva, embrassa Maryse et rejoignit, tête basse, son lieu de travail.

La regardant traverser la rue, Maryse éprouva pour son amie une vraie compassion en la voyant si triste. Elle se dit qu’il ne faudrait pas qu’Odette tombe sur un de ces saligauds que l’on rencontre parfois. Elle ne le mérite vraiment pas.

(à suivre)
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